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dimanche 30 avril 2017

Le Micro-ouvert



Quelle n'est pas ma surprise, et surtout ma joie, de constater l'ouverture d'un nouveau Café, le « Micro ouvert » rue principale, en plein centre-ville. Vrai qu'ils sont maintenant plusieurs à se partager la même clientèle, vrai que le centre-ville en sera bientôt saturé, mais j'ose croire que celui-ci propose un nouveau concept, une nouvelle approche, une expérience-client qui se démarque des autres. Déjà l'affiche surplombant la façade est très agréable à l’œil, par sa structure en bois au milieu de laquelle un vieux micro style vintage est mis en évidence au-devant d’un paquet de grains de café débordant d'une poche en jute. Tout ça me parle beaucoup donc je laisse mes pas m’y conduire, espérant y être agréablement surpris.

Une fois entré, je suis charmé dès le premier coup d’œil par les murs en briques, les vieilles chaises et tables en bois, les boiseries au plafond ainsi que l’éclairage tamisé dégageant une proximité, une intimité, une chaleur de par ses lumières incandescentes. L’endroit, lui aussi d'une cinquantaine de places assises, est plutôt étroit en largeur, pour s'étirer en longueur vers l'arrière où se trouvent les toilettes, ainsi qu'un espace qui semble être une toute petite scène, si je me fie aux micros, console de son et haut-parleurs qui n'attendent qu'à être utilisés.

Prenant place sur un tabouret au comptoir, je salue la barista en lui indiquant que je veux prendre le temps de voir ce que propose l'ardoise au-dessus de sa tête, moi qui en suis à ma première visite. À son retour, je commande un très allongé avec crème, soupçon de cannelle, ainsi qu'un muffin au son.

Une fois servi, j'en profite pour piquer un brin de jasette, elle qui semble être d'un commerce fort agréable, question d'en savoir un peu plus sur l'endroit. Elle vante un concept innovateur, qui se veut 100% équitable tant au niveau du café que de la bouffe, et surtout que ce soit le seul endroit en ville qui offre un espace « micro-ouvert », ou openmic en bon français et ce, à toute heure du jour. Elle poursuit en mentionnant que n’importe qui peut occuper la scène pendant trente minutes, une fois un test de son sommaire effectué, afin de démontrer l’étendue de son talent tant en chanson, en musique instrumentale, en poésie, peu importe la forme d’expression. 

J'adore l'idée et serai sans aucun doute un client assidu, un bon public qui encouragera par sa présence les artistes en devenir qui oseront se produire sur scène, qui vaincront leur timidité, leur gêne car, on doit se le dire, ça prend une certaine dose de courage pour monter sur scène, devant public en plus. Qui sait, peut-être assisterons nous à l'émergence d’une étoile montante, d'une vedette en devenir. 

D'ailleurs, en parlant de vedette en devenir, je vois un de mes collègues de travail se pointer, franchissant tout juste la porte d'entrée, case de guitare à la main. Difficile pour lui de se défiler, lui qui s’est bien gardé de me faire part de son intention de fouler les planches ce soir. Cachetier va. Ça t'apprendras, espèce de gaucher.

Une fois assis sur le tabouret à côté de moi, nous jasons de tout et de rien, principalement de musique et aucunement de travail, avant qu'il aille faire son soundcheck, son « test de son » comme on dit en bon français. Une fois prêt, il se lance. Il enfile quelques covers avant de terminer avec trois compositions originales, lui qui voulait les essayer devant public, question de voir si elles tiennent la route. Je suis surpris pas la qualité de ses mélodies, par ses refrains accrocheurs, tout comme par sa dextérité à la guitare qui, je dois avouer, est de beaucoup supérieur à la mienne.

Une fois sa prestation terminée, il vient me rejoindre au comptoir. J'en profite, tout comme la charmante barista qui est d’office, pour le féliciter chaleureusement tout en lui mentionnant que ses chansons tiennent la route sans problème. Saisissant la balle au bond, il me propose de monter sur scène à mon tour en prenant sa guitare, question de faire quelques-unes de mes chansons, moi qui n'ose toujours pas les sortir de mon tiroir, du moins devant public. Pas de chance mon pote, je suis droitier.

Au fil de notre conversation, je remarque que l’attention de mon collègue de travail semble être dirigée vers l’individu tout juste à côté de moi, auquel je fais dos. Celui-ci en profite pour s’immiscer dans notre échange en se présentant, et ensuite mentionner qu’il est à la recherche de nouveaux talents pour le compte d’une maison de disques réputée. Faisant fi de nos airs pantois, il enchaîne en offrant à mon collègue d’aller présenter son matériel à ses employeurs, convaincu qu’il a le talent, suite à ce qu’il vient d’entendre, pour éventuellement endisquer.

Merde ! Je n’aurais pas pû être gaucher ce soir!

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