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mardi 27 juin 2017

Drôle de vie

                             

J’entre dans un Café du centre-ville par une soirée chaude, caniculaire même, la première de l'été. On va se le dire, nous avons eu droit à un printemps assez ordinaire, côté température du moins. Juste à porter un coup d’oeil au nombre d’heures d'ensoleillement, à la quantité de précipitations reçues ou pire, aux nombreuses inondations dans la vallée du St-Laurent et en Outaouais pour constater que la saison qui précède l'été va passer à l'histoire, ou pas.

Une fois servi par la jolie barista à la chevelure, que je qualifierais d'un roux incendiaire, je me dirige vers une table plutôt en retrait près des toilettes, flanqué de ma "bébelle" d'une main, on parle ici de mon iPad auquel je joins un clavier amovible, et d'un très allongé de l'autre. Cet endroit m'offre tout de même une intéressante vue d'ensemble du Café, ainsi que sur le va-et-vient de la clientèle étudiante estivale dont mon fils fait partie, fin de baccalauréat oblige. Clientèle étudiante qui, je présume, aimerait sûrement se retrouver ailleurs que dans un Café à profiter d'un bord de piscine ou encore d'une terrasse, bière froide à la main, question de savourer la première vraie soirée d'été entre amis. Première vraie soirée d'été pour cette jeunesse, qui a passée au travers les longs mois d'hiver à se geler les pieds et les oreilles aux arrêts d'autobus, qui a passée de longues heures le nez dans ses livres, à manger "sur le pouce", à boire des litres de café filtre dans l’espoir de demeurer alerte et éveillée. Allez lui dire, comme on nous le disais jadis, que le meilleur temps est celui où l'on est assis sur les bancs d'école... surtout avec un 30 degrés à l’ombre.

J’en profite pour y aller d'un tour d'horizon rapide, d'une évaluation sommaire des individus, des forces en présence en écrivant, ou plutôt en tapant du doigt sur le clavier tout ce qui me passe par la tête, sans filtre ni censure. Au bout de trois pages de notes et d'observations, je m'arrête et prends le temps de me relire un peu, question de voir ce qui en ressort, question de voir si une tangente semble vouloir se dessiner. Je m'aperçois que ce que j'ai d'écrit jusqu'ici tourne principalement autour d’une remise en question, d’un mélange d'émotions conduisant à une certaine réflexion, à une certaine introspection des individus observés.

Me vient ensuite à l'esprit la prémisse de la série télévisée Plan B selon laquelle un individu, en communiquant avec une agence repérée dans les pages jaunes de l'annuaire, se voit offrir l'opportunité de revenir à un moment précis de son passé afin d'en modifier l'avenir, avenir qu'il a déjà vécu. Je décide donc de pousser l'exercice un peu plus loin, voir si l'analogie tient la route, voir où ça va me mener, en réfléchissant à ce que les étudiants que j'observe depuis tantôt changeraient s'ils avaient l'opportunité de revenir dans leur propre passé. Plutôt tiré par les cheveux comme analogie, j'en conviens mais, comme le dit si bien Guy A. Lepage suite à une question corsée posée à un invité de son émission Tout le monde en parle: "On jase, là..." 

Ce qui m'amène à me pencher sur mon propre cas, à savoir ce que je changerais, ou pas, dans ma propre vie si l’on m’offrait l'opportunité de revenir dans mon propre passé. Je constate premièrement que j'ignore si je serais en mesure d'assumer la pleine responsabilité de modifier le cours des choses, pour ensuite me heurter rapidement à plusieurs questions d'ordre éthique, dont la principale étant les inévitables répercussions que cela entraînerait sur l'existence des autres individus impliqués de près ou de loin dans ma vie car, qu'on le veuille ou non, nous sommes tous interdépendants, tous inter-reliés les uns des autres et nos actions, si minimes soient-elles, ont forcément une incidence sur autrui, sur le cours des choses.

Drôle de vie. Si j'avais eu cette idée, si j’avais eu ce flash que les auteurs de Plan B ont su développer de brillante façon, voilà le titre que je donnerais au roman que j'envisage écrire.

Je m'étire les bras, question de me dégourdir un peu, puis prends une gorgée de café tout en portant un coup d'œil à l'étagère remplie de journaux tout juste à ma gauche, parmi lesquels je remarque un annuaire des Pages jaunes.

À moins que...

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